J’utilise la broderie, le fil, ainsi que les cheveux cousus, depuis 2004 dans une bonne part de mes travaux plastiques. Élevée dans un milieu simple où la couture fait partie de l’apprentissage naturellement féminin, je revendique une utilisation pleine et entière de cette technique.
Cependant, c’est dans un but contestataire que je l’emploie. Un personnage antique m’accompagne : Philomèle décrite dans Les métamorphoses d'Ovide. Elle dénonce un crime en le brodant en lettres rouges sur une étole.
 |
| Philomèle violée, Ovide, Bernard Salomon, 16e s. |
La broderie peut se révéler encore un art de la contestation : Mexicaines, Chiliennes, "Folles de la place de Mai" ne manifestent-elles pas toujours en portant les noms de leurs disparus brodés sur leur fichu ?
 |
| Folles de la place de mai, Photographie Pierre Dufour |
La broderie est considérée comme un passe-temps désuet dans le monde occidental. Il ne s’agit pas seulement de reprendre une technique « féminine », mais de la repenser à l’instar de la situation sociale et culturelle de la femme. Ainsi, « le pouvoir magique de l’aiguille », selon l’expression de l’artiste Louise Bourgeois, permet de repenser un système culturel qui a trop longtemps marginalisé les femmes dans leur pouvoir créateur.
La broderie peut être une activité longue et aliénante comme l’est la somme d’images diffusées par les médias (souvent utilisée dans mes réalisations), comme peut l’être la condition des femmes. Ainsi, la broderie qui a pour vocation traditionnellement de décorer un intérieur, un foyer a priori sécurisant, relaie ici par opposition/contraste la dureté du monde extérieur.
 |
Ecce Homo, Photographie et broderie, 2010
©1011 |
En utilisant la broderie, activité réservée de tout temps aux femmes, je joue de ces contradictions pour représenter des thèmes violents émanant des hommes.
 |
Loi n°2010-769, installation dessin in situ et tambours à broder, 2019
©1011 |
Œuvres, artistes qui m'inspirent/Artist/Outside Influences :
 |
Ghada Amer, A Beautiful Day for Trini, 2008
|
|
|
|
|
Severija Inčirauskaitė-Kriaunevičienė, Killed for peace
|
|
|
|
Mimi Parent, Masculin, féminin, 1959
|
|
|
|
Kader Attia, Open your eyes, 2010
|
|
|
|
Barbara Kruger, Savoir c'est pouvoir, 1989
|
|
|
|
Barbara Kruger, tell us something we don't know
|
|
 |
| Annette Messager, Mes Voeux, 1988 |
Ligne 4 colonne 1 |
 |
Chiharu Shiota, Over the Continents, 2014
|
Ligne 4 colonne 2 |
Site Paragone :
Femmes et fil. Les anti Pénélope
| Ligne 5 colonne 2 |
| Ligne 6 colonne 1 | Ligne 6 colonne 2 |
| Ligne 7 colonne 1 | Ligne 7 colonne 2 |
| Ligne 8 colonne 1 | Ligne 8 colonne 2 |
